sábado, 19 de outubro de 2013

LE CORPS EN OEUVRE

AVEC "LE CORPS EN OEUVRE", LA PERFORMANCE S’EXPOSE : JAN FABRE, STEVEN COHEN, MIET WARLOP…

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Le corps en œuvre / Galerie Coullaud & Koulinsky / exposition 12 septembre – 2 novembre 2013 / Performances les 19, 25 et 26 octobre à la galerie.
La performance s’expose à la galerie Coullaud & Koulinsky. Imaginée par Maria-Carmela Mini, initiatrice du festival Latitudes contemporaines à Lille qui programme depuis 2003 tout ce qu’il y a de plus audacieux et passionnant dans la danse contemporaine, l’exposition Le corps en œuvre réussit un pari de premier ordre : cultiver et maintenir cette énergie perturbatrice de la performance et les ruptures de régime de réalité qu’elle impose, entre les œuvres plastiques montrées, issues de la production des artistes qui ont fait de leur corps leur principal moyen d’expression. L’espace, les objets, le volume, la trace, l’impression, dans une variété de média et de rythmes, se chargent de la force du geste performatif, qui irrigue l’art contemporain depuis les actions désormais historiques de Gina Pane aux propositions de Miet Warlop ou Marie Caroline Hominal.
Le premier espace de la galerie est défini par le couple de forces que semble constituer les œuvres de Franko B. et de Jan Fabre. Au corps épais, nu, enduit de peinture noire, du performeur italien - Love in times of pain(2008, c-print) – répond la masse informe, indéterminée et pourtant hautement charnelle du chorégraphe et plasticien flamand - Vleesklomp, masse de viande, (1998, technique mixte). L’impression de fixité et lourdeur imposante, accentuée par la pose statique, arrêtée, dans la photographie du premier est d’avantage renforcée, et en même temps contredite, par l’imposant amas de carapaces de coléoptère, matériau organique désormais fétiche du deuxième, suspendu à un fil et ainsi sensible aux oscillations accidentelles.
Ce choc des titans larvé, qui s’impose avec la force trouble des processus inconscients, se déploie donc d’entrée de jeu, dans les registres des surfaces et volumes, des textures, de la couleur et du mouvement. Deux autres œuvres de Franko B. viennent étoffer en pointillé ce dialogue pesant, lourd de sens. Au premier abord plus discrets, les traits blancs sur blancs de la broderie issue de la série I still love you, distillent lentement leur charge anxiogène, une histoire terrible se trame, alors que le rouge clignotant de l’installation, qui fait directement référence à la performance I miss you, et au sang contaminé qui coule dans les veines du performeur, ressasse de manière obsessionnelle un sentiment d’urgence et de danger.
Silhouette frêle et manipulable à souhait, dérisoire quand elle est repliée sur elle même et pourtant immanquable de par son jaune acidulé, Dolly John, poupée créée par Christine Vollard pour Daniel Larrieu, offre ses bras et son affection aux visiteurs de la galerie. C’est une manière pour le chorégraphe de créer des rencontres inattendues et ludiques, clins d’œil à sa création pour 2 interprètes et une vingtaine de poupées, Big Little B (2011).
Apparemment anodins, les clichés des Volleyballeuses (2008) de Fiorenza Menini fascinent de par la tension latente dont le vide, l’attente, les yeux fermés se chargent. L’artiste travaille l’image vers un état perpétuel de performance. Dans Corridor, vidéos (I II III, 2003/ 2004) présentées dans la deuxième salle de la galerie, le lent pivotement sur elle même d’une femme met à mal les principes de la représentation qui s’enlise dans un temps suspendu. De manière surprenante, une vie secrète et foisonnante, silencieuse et fascinante, s’engouffre entre les murs de ce corridor. Des pieds nus défient les flammes, dans les photos d’une performance de Gina Pane, Feu, en date du 24 novembre 1971.
Le pantalon géant de Miet Warlop, Mystery Magnet, objet-personnage autonome criant silencieusement son incongruité, signe d’une présence humaine qui fait défaut aux normes, est aux aguets du moment propice pour sortir de son immobilité, comme lors d’une brève performance le soir du vernissage. D’autres membres et morceaux de corps meurtris s’épanchent sur les Ceramics que le performeur Steven Cohen a créées  en réponse à une commande de services de table lancée à des artistes pour un diner officiel organisé par le maire de Johannesburg en 1992, un an après l’abolition de l’apartheid. Le corps est là, éminemment, scandaleusement politique.
Plusieurs temps forts ponctuent le déroulée de ce projet curatorial. Après Miet Warlop et Fiorenza Menini, Daniel Linehan (le 19 octobre) Marie Caroline Hominal (le 25 et 26 octobre) vont nous surprendre par leurs propositions performatives. A l’heure où Tino Sehgal et ses œuvres éphémères et interactives, inscrites dans les corps de ses collaborateurs sont consacrés par un Lion d’or à la Biennale de Venise, la performance trouve une place de plus en plus ferme dans les espaces d’exposition.
Smaranda Olcèse
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